La méditation désacralisée
Un autre danger non négligeable réside aujourd’hui dans le développement d’une méditation exclusivement centrée sur le bien-être, au détriment de la dimension sacrée qui a pourtant imprégné l’esprit humain depuis la nuit des temps, avec toute la magnificience qui en a résulté. Une dimension qui donne tout son sens à la Vie. La méditation-bien-être n’est pas un problème en soi, au contraire, si l’on sait exprimer clairement qu’il y a aussi un autre objectif possible de la méditation qui, lui, est purement spirituel – on pourrait dire également, différent, supérieur et bien plus élevé. Il ne faut pas l’oublier. Il suffit juste de le dire et le problème sera partiellement réglé. Encore faut-il avoir le courage et l’honnêteté de le faire dans l’époque actuelle. Ainsi, si la méditation du calme mental (shine, samatha, pleine conscience, MBSR) participe du bien-être ; des pratiques plus avancées de la méditation (vision supérieure, lhakthong, vipassana, mahamoudra, dzogchen) orientent vers le sacré, vers ce qui ne peut être dit, mais seulement vécu et réalisé intimement. Elles impliquent une voie religieuse bien définie et un maître spirituel qui, lui, l’a pleinement parcouru, quelqu’un qui en a vraiment l’expérience. Un homme ou une femme, qui par son amour illimité, a cette merveilleuse capacité à dissoudre les derniers voiles qui séparent le disciple mûr de cet océan d’amour dont on ne peut exprimer le nom.
En réalité, c’est là que débute la vraie méditation, au seuil de cette ultime nudité, la « sainte simplicité » de nos Anciens, de nos Aînés sur la Voie. Ainsi, si l’on n’y prend garde, désacraliser la méditation ou nier cet aspect sacré, la réduire à un simple anxiolytique, reviendrait finalement à priver les générations futures d’une source de bonheur et d’émerveillement incroyables et inconcevables et pourtant si réels, si vrais, si vastes. Alors, que voulons-nous vraiment et sommes-nous prêts à assumer les conséquences de nos choix vis-à-vis des générations à venir ?
Dr Daniel Chevassut
Médecin et représentant de la tradition bouddhiste au niveau des hôpitaux de l’Assistance Publique de Marseille, auteur du livre Pour une santé à visage humain… L’art sacré du soin pour les générations à venir (Guy Trédaniel Éditeur, 2014).
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